300 ( de Zack Snyder, sorti le 21/3)

Synopsis : Adapté du roman graphique de Frank Miller, 300 est un récit épique de la Bataille des Thermopyles, qui opposa en l'an - 480 le roi Léonidas et 300 soldats spartiates à Xerxès et l'immense armée perse. Face à un invincible ennemi, les 300 déployèrent jusqu'à leur dernier souffle un courage surhumain ; leur vaillance et leur héroïque sacrifice inspirèrent toute la Grèce à se dresser contre la Perse, posant ainsi les premières pierres de la démocratie…

Il y a énormément de choses à dire sur ce film incroyable. La réalisation est d’une incroyable minutie, la photographie d’une rare beauté et, pour une fois pas gratuite ; l’histoire est passionnante…etc. Entrons un peu dans le détail.

Le film est totalement novateur, il nous présente une conception du récit rarement vu. Adapté d’un BD à laquelle il est fidèle (les grandes scènes sont la très fidèles, les personnages aussi…) mais qu’il ne cesse pourtant de trahir : ajoutant avec intelligence une seconde intrigue politique et humaine (l’histoire de la reine) absente de la bd ; ne respectant pas les images de Miller (contrairement à Sin City) ; Nous présentant une page d’histoire, en s’efforçant de nous montrer avant tout le récit d’un mythe, d’une légende… S’encrant visuellement et dans la mise-en-scène, au cœur de l’imagerie culturelle et archéologique , pour s’éloigner encore plus du réalisme… Bref une œuvre qui cherche constamment à faire éclater les références, les repères, tout en s’y attardant pourtant. Tout au long du film, le travail du réa est si fort en effet que l’on ne peut s’empêcher de penser à des références énorme comme « Othelo » d’Orson Welles ou encore « Alexandre Nevski » de Eisenstein… Même rigueur, même précision, et parfois même plans très ressemblants. Mais ce ne sont que des « images-qui-font-penser-à… » ; pas une base de travail. Le travail du réa est d’une incroyable qualité en effet, et rarement tout les élément d’un film ont été porté vers un même but avec autant d’intelligence. Les images d’abord : le réa s’éloigne donc des couleurs de Miller pour s’emparer de celles des céramiques antiques. Snyder le réa est un grand magicien, il donne vie à ces primitives images, base de la culture occidentale, bien plus qu’à l’œuvre de Miller… Il s’attarde même à donner à ces acteurs des poses, une gestuelle directement empruntée de ces céramiques…
Le récit lui même est fascinant. Au-delà des personnages, historiques pour certains, tirés de la BD pour d’autres, ou inventés pour le film ; le récit est organisé par un montage qui transgresse les règles classique de cette technique : un double récit alterné classique chevauche un récit principal qui alterne changements de rythmes, plans variants, ralentis et accélérations… Bref un montage qui bouscule les règles. Bien plus, la voix off, artifice classique et plutôt passé de mode, plonge ici l’œuvre non dans l’histoire mais dans sa perception. La voix off raconte les faits, et les images complètent avec cette évidence que ce qui est montré est aussi dit par le conteur ; mais simplement nous n’en entendons pas toutes les paroles. C’est un peu comme si images et paroles ne faisaient plus qu’un… Homère ou Hérodotes n’auraient pas fait mieux s’ils avaient filmé au lieu d’écrire. Hérodotes dont des phrases sont d’ailleurs reprises dans le film. Preuve du souci de plonger l’œuvre dans ses racines historiques pour mieux les bousculer…
L’Histoire avec un grand H, est d’ailleurs, elle aussi, constamment éclaté entre réalité (la vie de Spartes, les lois de Spartes, les intrigues politiques, l’éducation des enfants, le déroulement de la bataille des Thermopyles…) et le mythe (les ennemis qui flirtent avec l’héroic fantasy, Xerxes outrancier…). La raison en est simple, outre la simple adaptation de la bd : respecter l’histoire tout en la remodelant, noircir les ennemis et glorifier les amis… C’est le propre de la tradition orale, de l’histoire écrite telle que le faisaient les historiens et philosophes grecques. Bref, ce que le film nous montre ce n’est pas un bataille, ce n’est pas une page d’histoire, c’est la naissance d’un mythe. Ils nous en décrit la naissance à travers un conteur antique, à travers une imagerie antique, et avec l’aide de techniques à la pointe du modernisme audiovisuel. Le trait d’union est ainsi fait entre notre monde et son berceau.
Reste à savoir si ce film aux techniques et à la constriction novatrices et qui ouvre une nouvelle voie d’exploration pour le cinéma sera suivi par d’autres œuvres ou non…

Edité par Eolune : j'ai rajouté le synopsis pour plus de clarté

J'ai oublié de préciser que les avis les moins "express" seraient repostés sur le site en tant que critiques avec accord de l'auteur

(En tout cas ça donne envie de le voir ce film)

Sylkarion a écrit:

J'ai oublié de préciser que les avis les moins "express" seraient repostés sur le site en tant que critiques avec accord de l'auteur

(En tout cas ça donne envie de le voir ce film)

C'est mon accord que tu veux ? Pas de problème...

Merci Monsieur Fa, votre critique est maintenant en ligne sur le site

Personellement,je n'ai pas aimé. Les faits historiques ne sont pas du tout respectés. Parfois ce n'est pas génant, mais là, on présente un évènement majeur de l'antiquité, donc ça me gène un peu. Mais bon.
Le film n'est aussi qu'un concentré de giclements de sang, de tripes, d'os éclatés et de corps en charpie. Il y en aque ça amuse, moi ça m'ennuie. La violence n'est pas bien filmée. La réalisation n'est pas assez sobre (mouvements de caméra, ralentis, gros plans...) à mon goût. Là où un Cronenberg est un virtuose de la violence par sa sobriété exceptionelle, là, on est dans l'exubérance artistique. Ca plait à certains, moi je n'aime pas.
Je comprends parfaitement qu'on puisse l'adorer, mais moi, je deteste (ou presque)

Blöde Kuh, je me suis permis de reposter ton commentaire sur le site lui-même où il sera beaucoup plus visible.

Salut,
J’ai vu 300 à plusieurs reprises et je dois dire que je ne m’en lasse jamais. Ce titre est vraiment bon malgré ses quelques lacunes au niveau du scénario, qui a manqué à quelques reprises de panache. Cependant, les scènes d’action vraiment bien élaborées ont su rattraper le coup.

Bonjour,
Bien que je pense que le scénario de 300 contient quelques lacunes, il reste pour moi un excellent film. Cependant, pour l’apprécier, il ne faut pas s’attendre à de grands moments de réflexions ou de grandes phrases de philosophe ! Avec 300, on a droit à de la baston pendant toute sa durée. Il ne plaira pas à tout le monde, mais je le suggère quand même.

Entendu à la radio qu'il y a 5 morts toutes les mn dans ce film (que j'ai pas vu car pas pu le voir en VO)...

Un des body counts à la minute les plus élevés du cinéma, c'est certain (même si des études très sérieuses ont montré que le film le plus violent du monde était le Seigneur des Anneaux troisième du nom, avec quelques milliers de morts à l'écran).

Pour 300, je ne l'aime toujours pas : on a droit à de la baston tout le long, c'est vrai, mais même là Snyder se sent obligé de filmer sa baston, à grands effets de ralentis et effets qui me déplaisent fortement (les goûts et les couleurs...). Ce qui fait qu'un spectacle potentiellement jouissif devient pour moi un délire stylistique sans grand intérêt. Après je n'aime pas Snyder, donc fallait pas s'attendre à un miracle (déjà que Watchmen en est un...)

J'ai eu le sentiment d'être cocu après la séance de 300,moi qui m'attendais à voir un vrai film de mecs,avec des ''vrais'' barbares,que nenni,que des apollons aux torses nus sans poils,à croire que les Spartes étaient imberbes...Un spectacle aussi affligeant qu'un sketch de Gad Elmaleh et qui a juste servi à remplir les poches des costards cravates de la Warner. L’exemple type du blockbuster calibré pop corn soi disant viril qui fait sourire le gamin de 2 ans,qui cinématographiquement n’amène que dalle,aucun cheminement philosophique,aucune réponse constructive,aucun personnage fouillé ou même ambigu,bref de la bonne crasse culturelle qui mérite tout droit la guillotine. Je m'en vais revoir Conan le barbare .

Je partage cet avis, mais je ne l'ai pas relevé car cette déception n'était pas la mienne : en regardant ce film je m'attendais déjà à un blockbuster. Mais du ciup je comprends ta déception, qui doit être bien amère.

Et imberbes, oui, les spartiates s' epilaient. Par contre, ils se battaient sérieusement en slip ?!?