W. Smith en période massacre

Bonsoir,
Je m'adresse aux amateurs de science-fiction écrite. Ne remarquez-vous pas qu'en ce moment, Will Smith est dans une grande série de massacres de classiques de la SF ? "I am a legend", de Matheson, "I, Robot" d'Asimov et une adaptation de "des fleurs pour Algernon" serait en cours. Suis-je le seul à dire : "STOP !!!" ? Que pensez-vous de ces films, voire même de l'adaptation de la science fiction en général au cinéma ?

Alors, je ne suis pas forcément un "fan" de litté SF. J'en ai lu un peu. Pas mal de Dick, de Matheson, du Dantec et même la complète de L Ron Hubbard ... Mais bon, des films de SF que j'ai pu voir, j'en ai lu les adapt et je voulais apporter quelques précisions.

D'une, son nom c'est Matheson

De deux, Je suis une légende est une adapt plutôt réussie dans le sens où la nouvelle a subi un lifting nécessaire qui s'insère parfaitement dans le cinéma contemporain comme relecture d'un modèle et comme variation de la thématique de "l'infecté".

De trois, faut les avoir bien accrochées pour décaniller Proyas de cette manière. C'est clairement le mec le plus doué depuis Ridley Scott pour shooter la SF. Pour plusieurs raisons : une capacité hallucinante à créer des univers crédibles (un comble en SF), une direction d'acteur très fine (Sewell dans Dark City ... putain ce truc !), une volonté sans faille à exposer des enjeux intelligents où la SF au ciné est parfois peu regardante là-dessus au profit de effets, une passion pour le genre évidente (la scène du crash dans Prédictions ... pfiou).

De quatre, Will Smith n'est certes pas le meilleur acteur du monde mais pas le pire non plus. Et gros avantage : il n'est pas omniprésent. Il a pas fait tant de films que ça et dans des genres très variés. Des bandes quelquefois un peu médiocres (WWW, mais là c'est un film de producteurs pas de cinéastes) et souvent des œuvres quasi innocentes sous leurs oripeaux de comédie mais largement plus corrosives que n'importe quel film vendu comme "ironique". A ce titre, MIB est terriblement cynique. J'ai beaucoup aimé Hancock aussi. Mais bon, l'asso Berg / Mann, moi je suis totalement fan (leur Kingdom est dément).

De cinq, c'est le problème que la littérature rencontre actuellement. Dès que ça se vend un peu en papier, dans n'importe quel genre, il y a des options posées par les studio pour une adaptation (qu'elle se fasse ou non d'ailleurs). On sait jamais dans quelles mains le projet finira par atterrir. Il y a à boire et à manger selon qui hérite du truc à la fin, que l'œuvre de départ soit excellente ou quelconque.

Bon, alors je vais devoir argumenter.
Tout d'abord, désolé pour l'ignoble faute, je sais pas ce qui m'a pris. Un trou, sans doute.
Ensuite, je précise qu'au niveau science fiction, je préfère la littérature au cinéma récent, et ce pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, tu l'as dit, le cinéma récent cherche à créer une atmosphère avant tout. Parfois, l'ambiance est réussie, d'autres fois, non. Mais même quand elle est réussie, je la trouve souvent trop lourde, et le film est basé dessus. Autrement dit, la réalisation se focalise dessus, et le développement des personnages, le scénario et même parfois, le suspens, sont sacrifiés. Je trouve ça très dommage. Car c'est le désavantage du cinéma : une ambiance est créée par l'estéthique, alors que dans un livre, elle est créée par tous les éléments cités plus haut, éléments qui créent l'ambiance, mais qui font aussi la qualité d'une oeuvre.
La chose est différente pour les "vieux" films de SF. Métropolis est l'adaptation dont tout lecteur peut rêver. L'éstéthique est présente, mais pas trop non plus, les personnages et le jeu d'acteur fiévreux (muet oblige) créent à proprement parler une ambiance. Une contre-utopie parfaite. Blade Runner, j'ai adoré également, pour les mêmes raisons. Dark city n'est pas une adaptation, mais le concept est le même, une exception dans une pleyiade de films que j'ai trouvé moyens.
Et, bien sur, comme tous les films contemporains, la production se sent obligée d'insérer de l'action, chose vraiment dommage.

Etudions le cas par cas. "Je suis une légende" a peut-être subi un "lifting nécessaire" pour marcher auprès du grand public, mais pas pour être bon. On est rdans un film de zombie pas trèsz original. Et Matherson n'a jamais dit que les humains atteints du virus étaient chauves, dégénérés et sensibles aux armes à feu. Et la réflexion qui fait la force du livre (normalité, anormalité, légende, simple humain...) disparaît à cause de la différence du virus. Dommage.

Alex Proyas, je le trouve très irrégulier. Là ou "the crow" et "dark city" étaient excellents, "I, Robot" et "prédictions", je les ai toruvés horriblement très beaucoup moyens. "Prédictions" est un film à la Eimmerich : effets spéciaux à gogo, scénario quasi-nexistant, et personnage principal inutile et sans charisme (vous me direz, quand on prend N. Cage pas dirigé par Andrew Niccol ou Martin Scorsese...). "I, Robot", je ne peux franchement pas expliqué ce qui m'a déçu. Mais le fait est là.

Que les choses soient claires : j'apprécie Will Smith. C'est un très bon acteur : dans Ali, il est criant de vérité, métamorphosé ; dans MIB 1 et 2, il est excellent ; dans Hancock, il est très bon également. Cependant, il choisit mal ses films : ils sont, pour la plus grande partie de ses derniers, mauvais.

Et ce que tu appelles "le problème de la littérature" n'en est pas un : c'est un problème du cinéma, qui n'arrive plus à créer des scénarios suffisament bons pour vendre, donc joue sur le succés des livres pour faire des sous et des films médiocres.
Mais il y a bien un problème dans la littérature : les livres qui marchent actuellement (et qui sont donc adaptés) sont loins d'être les meilleurs, ou même d'être bons. Donc quand on adapte un livre moyen et qu'on veut en faire un film qui, par définition, sera encore moins bon, on tombe dans du n'importe quoi, mais du n'importe quoi qui rapporte (Eragon, Twilight, qui aimé ?)

J'ai dit que l'enjeu ultime du film était de créer une ambiance ? =)

Bon, on va pas revenir à l'influence de l'expressionnisme pour débattre de "l'ambiance" au cinéma. Sinon, on achète la filmo complète de Guy Maddin et on s'arrête là. Mais il est évident que le cinéma formel existe toujours et c'est aussi une façon de faire du cinéma. Proyas a quelque chose de très formel qui agace. C'est aussi ce qui agace chez Shyamalan d'ailleurs (ce travelling compensé au bord de la piscine dans La jeune fille de l'eau est magistral au passage). Concernant Metropolis, il n'y a pas de film plus géométrique et formel que celui-ci. Y compris dans sa forme scénaristique toute en miroir. Et c'est ce qui participe à son caractère intemporel. Rien n'est à sa place dans une organisation pourtant ultra rigide. A y voir une parabole sur le système politique de l'époque ... il n'y a qu'un pas.

Dans Blade Runner, tout nait aussi de cette "ambiance" et de cette intemporalité où chacun reconnait un monde qui n'existe pourtant pas. Un bled où il fait tout le temps nuit, où il pleut sans cesse. Un bled sans âge et sans identité mais qui arrive à trouver vie et auquel on prend part parce que les enjeux exposés nous y invitent voire nous y obligent. C'est ce que Proyas sait faire. Raconter. Et il le fait bien.

Le comparer à Emmerich c'est tout de même assez fou. Ils sont aux antipodes dans la caractérisation par exemple. Chez Emmerich on a toujours 25 personnages, très superficiels et archi caricaturaux. Y'a un personnage intéressant dans toute la filmo de Emmerich, c'est Randy Quaid dans ID4, t'as qu'à voir.

Cage accepte tous les projets pour éponger ses dettes (mariage ruineux et comptable parti avec la caisse). Mais il assume tout et pour ça, je suis à fond derrière le bonhomme.

Pour rester dans les acteurs. Les merdes auxquelles Smith
participe récemment ce sont des comédies et des drames quelconques, pas des films de genre.

Pour finir. Oui c'est un problème de littérature. Parce que tout ou presque est pensé en termes d'images de nos jours. Combien d'auteurs sont de plus en plus confrontés à la remarque "j'ai trouvé votre écriture très cinématographique". A quoi ils répondent "ah je n'y avais pas pensé ..." Ils font tous la même réponse hein. C'est le même problème dans tous les domaines. Pour écouter de la musique, les gens vont sur Youtube maintenant (?!), et ils font autre chose en même temps qui n'a rien à voir. Tout est image et on tend vers ça même en litté. Sachant que les succès littéraires modernes le sont surtout après adaptation ... Qui causait de Cormac McCarthy ou Hunter Thompson ou Selby avant les adapt ?

Après, Eragon et Twilight, ça fonctionne au cinéma. Pourquoi ? Parce que le public majoritaire des salles de cinéma ce sont les mineurs. Après, ces bouquins sont merdiques aussi, tout comme Harry Potter, Percy Jackson, Coeur d'encre et j'en passe. Pourquoi ils se casseraient le cul à tout réécrire pour l'écran alors que cette daube fonctionne sur papier ...
En France en ce moment, on achète massivement du Christophe Maé hein et dans le monde on achète du Lady Gaga. Alors bon ...

En conclusion, pourquoi dire stop ? En 2007 on a demandé à des gens de voter. En 2010, y'a plus de 50% qui expriment un mécontentement. Bah on va dire stop et empêcher les gens de voter ? Qu'on le pense ou pas ça se fera pas. On laisse la chance aux film d'exister et après on en discute. On joue le jeu jusqu'au bout, même si on se fait entuber à la fin =)

On a pas vraiment la même vision du cinéma, mais exactement la même du marketting.
Concernant la littérature : qui parlait de Cormac McCarthy ou Hunter Thompson ? Et bien pas le grand public, c'est certain. Mais ses livres se faisaient une place discrète, mais sûre dans le milieu littéraire. J'ai lu Méridien de sang et non ce n'est pas un pays pour le vieil homme avant l'adaptation des frères Cohen (d'ailleurs excellente). Je ne me considère plus dans le "grand public littéraire", ceci explique donc cela.
La musique vit le même problème : argent à tout prix. Malheureux, mais c'est comme ça. Et pour youtube, je pense que c'est surtout une question de pratique.
Je ne pense pas que la littérature devienne cinéma. Je dirais plutôt que le cinéma devient littéraire : les grands succés de quelques adaptations qui ont marqué le 7ème art l'ont lentement fait muté et transformé en dérivé de contes. Autrement dit, la prose et l'image deviennent des parents proches. Une fois de plus, c'est mon avis (il vaut ce qu'il vaut).
Je n'aime pas du tout Nicolas Cage, c'est un fait. C'est viscéral, je n'ai aucune raison logique.
Shyamalan a un talent incontestable. Seulement, celui-ci ne se révèle que rarement. Selon moi, il n'a fait que 2 bons films : 6ème sens et la jeune fille de l'eau. Pourquoi ? Et bien parce que tout est réuni : il peut enfin diriger un bon casting, son scénario vaut le détour, et ne fait pas nécessairement dans le choc et la surenchère.
Quant à Metropolis, il est dirigé par un, voire même LE plus grand réalisateur de tous les temps. Cette géométrie est voulue : le roman est quasiment une démonstration point par point.

Faur dire que parfois, j'ai une vision sans doute trop universitaire du cinéma. Même si j'ai mes critères propres de jugement, il arrive que ressortent les heures d'analyse filmique, de sociologie du cinéma, de narratologie et j'en passe ... =)

Et bien la mienne n'eszt pas assez profonde : les heures de projection ne me laissent qu'une idée de la mise en forme de l'image, pas de sa signification. J'ai le temps d'apprendre =)